To do / not to do – JOHANNY Titouan, échange d’un an à l’Université de Montréal (Canada).

To do / not to do – JOHANNY Titouan, échange d’un an à l’Université de Montréal (Canada).

Étant le premier ou l’un des premiers à faire un an d’échange au Québec, j’ai dû improviser et gérer des problèmes qui ne se sont pas posés pour mes camarades.

Le permis d’études.

Un étudiant en échange qui reste un seul semestre (= session au Québec), n’a pas besoin de faire de permis de séjour s’il détient un passeport français. Toutefois, pour deux semestres, c’est-à-dire plus de 6 mois, il y a besoin de faire un permis de séjour. Compte tenu du statut particulier du Québec au sein du Canada, il y a besoin d’abord de passer par le Certificat d’Acceptation du Québec (CAQ). Bien sûr cela doit être fait après l’inscription auprès de l’UDEM (mais qui est assez rapide du moment que vous relanciez les deux universités par mail).

Je conseille personnellement de s’y prendre très à l’avance auprès de l’immigration Québec (MICC). En effet, le CAQ a pris, dans mon cas, plus d’un mois et demi avant d’être délivré. Il faut également savoir que le nombre de places attribuées est limité. Ainsi, vous ne aurez attribué une place que si une place se libère au préalable, et uniquement si vous remplissez les conditions adéquates.

Ensuite, une fois que vous avez votre CAQ, vous pouvez déposer une demande de permis d’études auprès de Immigration, Refugiees, Citizenship Canada (IRCC). Cette demande peut être très longue. Dans mon cas, ça a pris plus de deux mois, il a été délivré à peine cinq jours avant la rentrée. Il est important de s’y prendre à l’avance car en cas de non-obtention avant mi-septembre, vous pouvez être exclu de l’UDEM. Il est très courant que ça dure plus longtemps, le Canada est un pays d’immigration, il y a beaucoup de demandes. En me renseignant, j’ai apris qu’une demande de permis peux prendre plus de 4 mois avant d’aboutir.

Comment s’y prendre pour optimiser le temps des demandes de permis ?

  • Rassembler tous les documents à l’avance de l’obtention du CAQ et vérifiez 10 fois que vous avez mis tout ce qu’il faut pour ne pas engendrer de retards.
  • Avoir une capacité financière importante et suffisante. Il s’agit des preuves requises par le Québec et le Canada, si votre capacité est insuffisante vous serez refusé (les seuils sont précisés sur les sites d’immigration bien sûr). Si vous avez une capacité suffisante mais pas importante, votre permis risque de prendre plus de temps avant d’être délivré. Je parlerai plus bas des frais auxquels j’ai fais face.
  • Avoir des garants financiers.
  • Prouver que vous repartirez bien du Canada à la fin de vos études et que vous ne resterez pas illégalement sur le territoire. Entre autres, vous pouvez montrer que vous allez effectuer votre master à Avignon ou ailleurs qu’au Canada.
  • Avant d’entreprendre toute démarche ou dans le cas où il y a des questions sur le processus, consultez les capsules vidéo de l’UDEM sur le sujet.

Arriver au Québec

Avant d’arriver au Québec, assurez vous de venir après avoir eu votre permis, qui, à cette étape, n’est pas encore un permis définitif mais plutôt une lettre d’introduction. Car effectivement, lorsque le permis est accepté, il vous confère une lettre d’introduction à présenter à la douane pour obtenir le permis définitif.

Anecdote :

            J’ai d’abord pris l’avion le 18 juillet pour rejoindre ma compagne à Montréal alors que je n’avais pas mon permis (seulement le CAQ). Une fois que j’ai eu mon permis au dernier moment, j’ai été confronté à une charge de stress importante :

  • Les douaniers canadiens n’aiment pas le flagpolling (tour de poteau = sortir du territoire pour re-rentrer aussitôt à des fins administratives). Mais le problème est que vous ne pouvez pas résoudre ce problème au sein du Canada quand vous avez déposé votre demande depuis l’extérieur du Canada.
  • J’ai pris un avion vers les USA pour éviter les frais supplémentaires. Or, quand je suis rentré à Montréal, j’aurais normalement dû arriver à la douane spécifique pour les USA où l’on m’aurait refusé les papiers. Heureusement, je suis arrivé à la douane normale pour une raison inconnue.
  • Ce billet d’avion a représente des coûts supplémentaires.
  • J’étais déjà fatigué et j’ai dû patienter plusieurs heures à la douane … Alors que quand on arrive de France directement on a pu dormir quelques heures dans l’avion.

Je vous conseille alors de vous y prendre à l’avance, plus spécifiquement dès l’attribution des places par la personne responsable des échanges internationaux à Avignon. D’ailleurs, elle et d’autres personnes au service mobilités vous diront qu’on ne peut partir un an. Sauf que si vous adressez un mail à l’UdeM il se peut que comme moi on vous accepte un an sous certaines conditions de notes et de places disponibles.

            Dans ce cas, prenez des billets d’avions au moins 6 mois à l’avance (pour que ça soit aussi moins cher) où vous payez une option pour déplacer les billets si le permis n’arrive pas aussi tôt que vous l’espériez.

Quelques conseils quant à l’arrivée :

  • Prenez des billets Air France si vous en avez les moyens, d’après les français à Montréal c’est la compagnie la plus confortable pour un aussi long trajet vers le Canada (et pour avoir pris Air Canada plus tard, je confirme).
  • Préparez ArriveCAN, il s’agit d’une déclaration douanière faite 72 à l’avance qui vous sauvera du temps, plusieurs heures, à la douane.
  • Si vous ne venez pas sur permis d’études, préparez votre Autorisation de Voyage Electronique (AVE), cela s’obtient en général dans un laps de temps assez court (moins d’une journée pour moi). Si vous venez sur permis d’études, il sera fourni avec.
  • Préparez tous les documents que vous avez donné pour le permis sous forme physique, à présenter aux douaniers avec votre lettre d’introduction.
  • Parlez un français irréprochable, les douaniers québécois disposent du droit de vous refuser l’entrée si vous allez dans une université francophone mais que vous ne maîtrisez pas un français suffisant.
  • Soyez poli, même si vous êtes crevé. C’est important.
  • Prenez au moins deux valises remplies à bloc (max 23 kilos par valise avec Air France), il fait déjà froid en Octobre alors si vous restez un an vous avez intérêt à avoir beaucoup de vêtements chauds.
  • Dans l’avion, lisez un guide de français québécois. Bien que la majorité des accents du Québec sont largement compréhensibles, c’est les mots employés qui sont perturbants parfois.

Le logement et la « bouffe »

            Je mets bouffe entre guillemets car au Québec, c’est un mot normal qui apparaît dans des pubs, des affiches voire même des papiers officiels !

            Je vous conseille de rechercher des logements très tôt avant votre arrivée, c’est-à-dire dès que l’UDEM vous a donné son acceptation, ou au max juste après avoir eu le CAQ. Montréal est une ville étudiante, mais comme toutes les villes étudiantes c’est la galère pour trouver un logement, surtout au dernier moment. L’UDEM peut donner des logements dans les cités U, mais ceux-ci partent vite et se libèrent peu. Les étudiants étrangers ne connaissent pas la ville et les tendances, et se retrouvent souvent avec des appartements au dernier moment insalubres et peu recommandables.

  • Trouver un appart’ ou coloc’ sans frais d’agence se fait avec Facebook marketplace au Québec.

Pour ce qui est de la nourriture, faites le plein avant de partir, mangez autant que vous pouvez ! La nourriture canadienne c’est bien deux secondes quand on découvre les fast foods et le sirop d’érable véritable, mais rapidement on se lasse de la bonne bouffe. D’autant plus que à Costco, qui est considéré comme un magasin moins cher, vend le camembert président à 7€ … Pas de Haribos à moins de 3€ le paquet, difficile de trouver de bons fruits et légumes, ou simplement des produits sains qui ne sont pas traités par vingt mille produits cancéreux et qui ne soient pas fortement dispendieux.

  • Rappel : dans votre valise ou par colis, on peut vous envoyer de la bouffe du moment que ce n’est pas de la viande/charcut’ et que c’est emballé (sous vide, canes, etc).

Dans mon cas, je vais donner les chiffres de mes dépenses, car je considère que c’est important à prendre en compte.

  • Je loue un appartement avec ma compagne, en sous-location à une étudiante elle-même partie en échange, à 5-10 min à pieds de la fac : 1020$CA ~620€, donc environ 310 euros par tête, par mois.
  • Nous sommes de bons mangeurs, on dépense environ 1200 $CA ~730€ par mois, voire plus, donc au moins 375 euros par mois par personne.

Université et ville

Dans mon cas, tous les cours sont au campus principal. Si vous avez des cours ailleurs ou que votre appart se situe loin, vous devez prévoir environ 40 euros d’abonnement STM (société de transports de Montréal) avec la réduction étudiante (lol).

            Montréal dispose de bus et de métro, toutefois ça reste mal organisé comme réseau et le métro couvre peu de surface. Des locations de vélos sont possibles mais je ne recommande pas si vous tenez à votre vie, d’autant plus que l’hiver avec un mètre de neige c’est peu recommandé.

La seule autre solution est CoVoit’ ou similaires, qui sont des plateformes de location de voitures en direct (comme des vélos à Avignon), c’est peu cher comparé à des locations traditionnelles et c’est immédiat, bien que ça représente un budget. MAIS de la même façon, si vous tenez à votre vie c’est une mauvaise idée. Si vous avez roulé en Europe, vous vous dites peut-être qu’en France on roule mal, dites vous qu’au Québec c’est pire ! Le code de la route est similaire à la France mais on considère ici que l’usage est la norme donc le code de la route n’est pas respecté et personne n’est pénalisé. Attendez-vous à :

  • Être doublés par la droite plus souvent que par la gauche.
  • Rouler à 150 km/h sur l’autoroute limitée à 100.
  • Voir des poids lourds avec des moteurs et des allures type Optimus Prime qui vous doublent à 150 km/h.

Bref, si vous êtes kamikazes, foncez !

Concernant l’université, il faut savoir que c’est grand. Très Grand. Il existent plusieurs campus et un nombre innombrable de pavillons par campus. Avec un grand nombre de salles par pavillon. Il me faut parfois 20 min pour changer de salle, sur le même campus. Les salles sont parfois mal indiquées. D’ailleurs le pavillon historique, et le plus gros (je crois ?) Roger Gaudry est tellement mal indiqué et labyrinthique qu’on se croirait au village caché de la pluie dans Naruto. Je crois qu’on peut ne jamais en sortir si on s’y perd.

Pro tip : il existe des tunnels souterrains pour se déplacer entre la plupart des pavillons du campus principal. Bien qu’il faille trouver les entrées, ce sont des tunnels peu empruntés même en hiver, et en général permettent de se déplacer plus facilement que par l’extérieur selon moi.

En ce premier semestre, il y a un cours que j’adore et que je recommande : la Programmation quantique. Il faut une base d’algèbre linéaire (ce qu’on a fait en L1 est suffisant). C’est présenté par un prof très pédagogue et intéressant, en effet il s’agit de Gilles Brassard qui est une référence dans le domaine ! J’aime beaucoup et je trouve ça très intéressant.

Balades et visites à faire avant la rentrée ou durant les weekends :

  • Le centre-ville historique.
  • Le campus principal pour apprendre à se repérer.
  • Le Mont Royal, centre de Montréal, un énorme parc très sympathique.
  • Le cimetière de Montréal, un autre parc (cimetière à l’américaine) mais avec moins de monde.
  • Le parc botanique de Montréal (très sympathique)
  • L’insectarium
  • Le biodôme (comme un zoo à Montréal).
  • Chinatown.

Pour moi ce sont très sympas ces balades car Montréal est une ville très verte dans laquelle on voit des animaux pas aussi représentés en France. Par exemple :

  • Il n’y a pas de pigeons, remplacés ici par les écureuils (oui oui, si vous n’en voyez pas au moins 5 par heure en été, il y a un problème).
  • Des marmottes (à 5min de la fac, dans le cimetière lol)
  • Des moufettes
  • Des dindons

Également, Montréal est une ville très cosmopolite dans laquelle vous pouvez entendre une multitude de langues, vous balader dans une multitude de quartiers regroupant certaines nationalités et, par conséquent, manger un max des plats différents !

            Par exemple, pour ma part c’est la première fois que j’ai vu des gens, adultes comme enfants, portant des tenues traditionnelles juives. Cela paraît anodin mais j’ai été étonné, à Avignon, voire en France, cette communauté reste plutôt invisible. J’ai pu ainsi en apprendre beaucoup sur des cultures que je ne connaissais pas ou peu.

Misc.

Il existe des accords de sécurités sociales entre la sécurité sociale et la RAMQ (équivalent du Québec), qui vous permettent d’être pris en charge au Québec (attention, c’est un système provincial). Toutefois, pour cela il faut faire remplir un formulaire étatique par le service mobilités d’Avignon (en vacances tout l’été …), puis par la sécurité sociale française, puis enfin faire la demande auprès de la RAMQ. Veuillez vous attendre à 2 mois par service, donc 6 mois total. Donc prévoyez d’entamer ces démarches longtemps avant de partir si vous voulez être couverts. Autrement l’UDEM vous donnera une assurance mais celle-là vous coûtera environ 200 euros par semestre.

J’encourage très fortement de prendre un cours d’ouverture à l’UDEM. Il existe littéralement plusieurs milliers de cours, dont des cours que vous ne reverrez jamais comme une introduction au français québécois ou encore des langues autochtones. Toutefois, comptez une quarantaine d’euros par cours non-informatique.

C’est mieux d’avoir un anglais suffisant. Les québécois sont tous bilingues et utilisent beaucoup d’anglicismes (bien qu’ils prétendent le contraire) ; des profs peuvent donner des documents en anglais, une partie des habitants de Montréal ne sont pas francophones, etc. Notamment, lorsqu’on consulte des médecins il est possible de ne pas pouvoir avoir un service en français parfois.

Costco est un magasin où on achète en (très) gros. Vous allez claquer beaucoup d’argent là-bas par passage mais ça va vous durer longtemps (bidons de jus de fruits par exemple). Ma combine : je loue une voiture que je remplis au max à chaque passage à Costco puis j’attends 3 semaines voire plus avant d’y retourner. Attention, il faut payer des droits d’entrée à Costco qui sont d’environ 30€ par an.

Les magasins de « proximité » sont Maxi, Métro, Walmart. Les prix après conversion sont similaires à la France mais le choix n’est pas fou. De façon générale, il ne faut pas s’attendre à bien manger durant votre séjour ici.

Préparez vous au bazar des unités de mesures, ici parfois c’est en impérial, parfois en métrique. Impossible de prédire quand on n’a pas l’habitude, et impossible de comparer des formats différents.

Sortez de vos préjugés langagiers. Effectivement, ici c’est vous qui êtes l’étranger, donc c’est vous qui avez un français différent voire bizarre. Les français ont souvent tendance à se moquer des accents et parlers non-standards, je recommande peu de le faire ici. Si vous ne comprenez pas, demandez poliment en précisant que vous n’avez pas l’habitude, mais ne faites pas de commentaire de plus. Les québécois sont devenus fiers de leur culture et de leur langue propre (pendant longtemps on réprimait l’accent natif au profit de l’accent standard). Aussi, il arrive que les français soient mal vus, particulièrement quand on a l’habitude de se plaindre et de tout comparer à chez nous, donc n’essayez pas de reproduire le cliché !

Si comme moi vous avez une compagne québécoise, vous pouvez vous servir d’un numéro canadien quand il faut s’inscrire à des services qui n’acceptent que ça. Toutefois, si vous voulez avoir de la connexion sans payer une blinde en France et en pouvant appeler et faire votre vie indépendamment, il existe des opérateurs comme fido qui vous feront payer une quinzaine d’euros par mois pour un service tout inclus. Bien qu’il y ait Eduroam partout dans la fac, c’est bien de pouvoir se balader dans le Québec et Montréal sans devoir sortir des cartes papier (qui sait se servir de ça de toute façon ???).

Les voitures sont toutes automatiques, c’est pas drôle quand on veut mettre une rouste aux t***s du c*l sur la route. Mais bon heureusement l’essence est peu chère comparé aux prix en France.

Achetez des convertisseurs de prises électriques. Tandis qu’en Europe on peut brancher des prises françaises plus ou moins partout Ce n’est pas le cas ici !

Et voilà, tout ce que je recommande ! Préparez-vous à être dépaysés !

Laisser un commentaire