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Je voudrais, sans la nommer, vous parler d’elle

Je voudrais, sans la nommer, vous parler d’elle

Les anciens égyptiens l’appelaient aha, Diophante d’Alexandrie la nommait arithmós (le nombre), Al-Khawarizmi la désignait par le mot shay’ (la chose que l’on cherche). Puis, elle a été latinisée en xay et René Descartes l’a abrégé en x.

L’inconnue, par définition, provoque des émotions contradictoires : du désir, de la peur, des fantasmes. Paradoxalement, elle est très familière dans notre langue, dans ses pronoms, ses articles indéterminés, ses anaphores. On la trouve dans nos jeux, dans nos polars. Plus elle semble inaccessible, plus on a envie de la connaitre, de la définir. Néanmoins, tout le plaisir réside dans l’exploration, dans ces petites découvertes qui dévoilent très lentement son identité. D’ailleurs, quand on y parvient, elle perd brutalement son attrait. A moins d’en trouver une qui nous résiste pour la vie, il nous en faut de nouvelles.

L’inconnue est notre carburant. C’est elle qui nous donne envie de faire des études et quand on en a la chance matérielle, de passer des inconnues de nous aux inconnues de tous.

Vous savez qu’il y a des équations très simples à formuler, mais qui ne trouvent pas de solution dans un ensemble donné. Ainsi, lorsque que l’on cherche un x² négatif, on n’a pas d’autre solution que de chercher pour x, un territoire plus complexe que celui des entiers relatifs. Ainsi, même si cela peut nous paraitre irrationnel, car nos terres sont loin d’être paradisiaques, chaque année, des milliers de personnes disparaissent en mer, en essayant de nous rejoindre.

Nos peurs de ces inconnues et de ces inconnus sont parfaitement absurdes et criminelles. Nous devons en urgence retrouver la raison. Ouvrir nos esprits et nos frontières. Combattre les discriminations, les discours et les lois xénophobes ou racistes. Et tout en espérant des victoires, sauver autant de vies que possible.